Formation continue : le pouvoir d’attraction des universités
Dans le marché concurrentiel de la formation professionnelle, les universités occupent une toute petite place (quelques pourcents). Pourtant, elles disposent d’un pouvoir d’attraction certain auprès des entreprises, que nous pourrions mieux exploiter.
Au fil de mes échanges avec les acteurs économiques du territoire des Yvelines, j’ai pu identifier plusieurs atouts potentiels. Bien sûr, ces atouts sont plus ou moins marqués selon les universités (rayonnement, disciplines, politique FC, moyens, localisation géographique…). Il est important de les identifier pour les consolider et les mettre en valeur dans nos outils de communication, lors de nos démarches commerciales. Pour que ce pouvoir d’attraction se concrétise sous la forme de nouveaux partenariats.
Les diplômes
DUT, licence professionnelle, licence, master, ingénieur, doctorat : nous sommes les seuls à pouvoir les décerner (pour l’instant). La délivrance de diplômes nationaux reconnus par l’État est un avantage concurrentiel indiscutable. Nous pouvons également délivrer des diplômes universitaires (DU) et interuniversitaires (DIU).
La modularisation et la capitalisation
Le découpage en blocs de compétences des formations et la capitalisation des modules validés permettent aux DRH de proposer à leurs collaborateurs des parcours de formation sur mesure, ajustés dans le temps, qui débouchent sur un diplôme reconnu.
La validation des acquis de l’expérience
Les blocs de compétences voire la totalité d’un diplôme peuvent être obtenus par validation des acquis de l’expérience professionnelle et personnelle (VAE). Là encore, cela participe à l’individualisation des parcours de formation. De nombreuses entreprises couplent VAE et formation sur-mesure pour permettre à des groupes de collaborateurs de décrocher un diplôme.
Le lien avec la recherche scientifique
Le lien étroit avec la recherche permet de concevoir de nouvelles formations et de faire évoluer les formations existantes, pour répondre aux besoins en compétences d’aujourd’hui et de demain, en particulier sur des métiers en forte évolution ou émergents. Les formations peuvent parfois s’appuyer sur des plateformes technologiques, des équipements scientifiques de pointe…
Le haut niveau de nos formateurs
Les enseignants-chercheurs qui conçoivent et qui interviennent dans les formations sont au top-niveau dans leur domaine de spécialité. Ils sont capables de s’adapter à différents publics, de partager leur expertise et d’apporter un regard sur l’évolution des compétences. Les professionnels-formateurs que nous sollicitons doivent répondre à certains critères académiques : niveau de diplôme, expériences professionnelles et pédagogiques…
L’innovation pédagogique
Dans certaines universités, les services formation continue sont à la pointe de l’innovation, sur le plan pédagogique et numérique. Elles proposent des offres (gamification, storytelling, blended learning, partenariat avec des startups EdTech…) ou un environnement (salles « actives », espaces modulaires, mobilier connecté…) qui sont susceptibles de mieux répondre aux attentes des entreprises et de leurs collaborateurs.
La réputation
Pour une entreprise, signer un partenariat avec une université est valorisant, d’autant plus si elle est réputée dans tel domaine scientifique ou sur le territoire d’implantation. Par exemple, en Île-de-France, les entreprises et leurs collaborateurs sont naturellement plus attirés par les universités parisiennes que par les universités de banlieue.
Le statut d’acteur public
Je pense que nous pouvons également jouer sur notre statut d’acteur public. Même si nous avons l’ambition de développer l’activité FC et d’augmenter le chiffre d’affaires des universités, nous ne subissons pas la même pression économique que les organismes privés de formation professionnelle. Cela se ressent dans notre approche commerciale et dans la relation avec l’entreprise et avec les stagiaires. La relation est « partenariale » plutôt que « client-prestataire ». Et cela peut également se traduire sur le plan des tarifs, parfois très compétitifs.
La qualité de service
Les entreprises attendent de notre part un service de grande qualité. Il s’agit de faire au moins aussi bien que les autres acteurs du marché de la formation professionnelle. Dans sa présentation lors du séminaire 2017 des directeurs FCU, Laure Corriga, alors directrice administrative et financière d’INSAVALOR (filiale de l’INSA Lyon chargée de valoriser la recherche), a identifié les points suivants :
- délais/agilité (proposition attendue dans 48h pour intervention la semaine suivante),
- logique de service/relation client-fournisseur,
- environnement adapté (salles de cours et pas un amphi, passage limité d’étudiants),
- horaires d’ouverture flexibles, adaptés au public professionnel,
- services annexes (facilité d’accès, de parking, restauration de qualité…),
- assurance qualité conformément aux pratiques actuelles.
En ce sens, la démarche de certification qualité de service FCU, reconnue par le CNEFOP, est clairement un atout supplémentaire pour les universités.
La diversité de notre offre, au-delà de la FC
Certaines entreprises souhaitent monter des partenariats de long terme avec l’université, dont la formation professionnelle n’est qu’une facette parmi d’autres : sourcing de stagiaires, d’apprentis ou de jeunes diplômés, intervention de professionnels pendant l’année universitaire, participation aux conseils de perfectionnement, mobilisation d’enseignants-chercheurs pour des missions d’expertise, partenariat R&D, mécénat pour soutenir des actions de recherche, de formation ou des projets étudiants… Il est donc utile dans nos démarches commerciales de pouvoir présenter toute la diversité de notre offre de service.
Voilà les leviers d’attractivité que j’ai pu identifier. Avez-vous d’autres suggestions ? N’hésitez pas à compléter la liste et à réagir en laissant un commentaire ci-dessous.
Voici le commentaire que Bernard Quinio, Directeur du Service FC de l’Université Paris-Nanterre, vient de publier sur LinkedIn : « J’ajouterai un avantage : nous sommes (les services de formation continue des universités) capables de travailler ensemble pour proposer de meilleures réponses à nos clients. Nous somme réunis dans des projets nationaux, nous nous respectons et nous nous apprécions ! ». Effectivement, la force du réseau FCU est un autre atout !
Autre suggestion, postée sur LI par Marlène Cablé (communicante, experte en communication digitale et formatrice) : « Dans cette liste, nous pourrions ajouter la capacité à personnaliser les formations pour les rendre parfaitement adaptées, non ? ». Oui, nous pouvons concevoir des formations sur mesure pour répondre aux besoins des entreprises / organisations partenaires.
Je partage également le commentaire posté par Alain Gonzalès (Directeur FC, Sorbonne Université), toujours sur LinkedIn : « L’augmentation croissante du nombre de diplômés du supérieur, tant en formation initiale que continue, associée aux mutations technologiques et organisationnelles amène la formation professionnelle continue à se situer de façon de plus en plus marquée sur le champ de l’accompagnement à la montée en compétences des acteurs économiques et des salariés. Sur ce terrain les universités disposent de deux atouts majeurs et objectivement différenciants : la recherche et la qualité de leurs services de formation continue (FCU) pour peu que le rapprochement entre ces deux entités se renforce. C’est au sein des laboratoires de recherche que se préparent et se conçoivent les compétences de demain et c’est aux services FCU d’accompagner ces transformations sans attendre les ruptures que pourraient engendrer ces innovations. »
Voici un nouveau commentaire, posté par Didier Leconte (Data miner) sur LinkedIn : « Tout à fait d’accord avec votre analyse. Pour l’avoir expérimenté, le pb actuel pour les salariés est que l’offre de formation continue oscille entre le format très court (quelques jours) et le format long de la formation initiale. Donc soit une synthèse/introduction, soit un retour sur les bancs de l’école (pas simple passé la quarantaine…). Dans un contexte d’adaptation rapide des compétences, le changement de métier doit pouvoir s’appuyer sur des formules plus souples (du type des formations executives de certaines écoles) et surtout sur des enseignants formateurs pouvant apporter le recul nécessaire à l’appréhension d’un nouveau domaine. Ce qui est, je pense, l’un des atouts des enseignants de l’Université. »